Henri IV (1366-1413), roi d’Angleterre (1399-1413). Fils aîné et héritier de Jean de Gaunt, duc de Lancastre, il est né à Bolingbroke (Lincs.) la même année que son cousin Richard II, qu’il déposa en 1399. De retour d’exil avec l’intention déclarée de récupérer son héritage saisi par Richard, il usurpa le trône en trois mois. Il n’est pas certain qu’il avait l’intention de le faire lors de son débarquement ; il est probable qu’il n’a pris la décision qu’après avoir obtenu le contrôle de la personne du roi. Bien que descendant d’Édouard III, sa prétention au trône était faible. Il aurait pu juger que ce n’est qu’en prenant la couronne qu’il avait une chance d’assurer son avenir à long terme; si c’est le cas, il réussissait.
Les sept premières années du règne d’Henri furent des années de crise continue. Il fait face à sa première rébellion en janvier 1400 d’un groupe de courtisans exclus de Richard II. Sa principale victime fut Richard lui-même, qui mourut en détention à Pontefract peu de temps après. D’autres rébellions baronniales suivirent, en particulier celles des Percys qui avaient été ses principaux partisans en 1399. En 1403, Hotspur, héritier du comte de Northumberland, est vaincu et tué à Shrewsbury. En 1405, le comte lui-même s’enfuit en Écosse après un soulèvement raté; il fut finalement tué lors d’une invasion avortée en 1408. Plus grave pour le roi et le royaume était la rébellion des Gallois sous Owain GlyndŵR en 1400, qui, malgré les campagnes anglaises annuelles, a conduit à la libération complète du Pays de Galles en 1405. En outre, la guerre avec l’Écosse, une guerre en cours en mer et des menaces constantes sur les possessions anglaises restantes en France laissèrent Henry assiégé. Le coût de la défense du trône et du royaume (exacerbé par sa propre débauche et son indifférence à la gestion financière) entraîna de fréquents parlements, de fréquentes demandes d’imposition et une réaction hostile de la part des Communes, surtout en 1401, 1404 et 1406.
Le fait qu’Henry ait survécu à ces années torrides était dû à plusieurs facteurs; sa propre détermination, son esprit de décision et son énergie; la force, l’engagement et la capacité de ses propres partisans (dont il soutenait sagement la loyauté par de somptueuses récompenses).; et son propre pragmatisme (il aurait convenu avec Harold Wilson qu’une semaine était longue en politique). Mais il a également été aidé par les divisions dans les rangs de ses ennemis, en particulier le développement de la guerre civile en France. En conséquence, à la fin de 1406, les pires de ses difficultés étaient terminées: les Français n’étaient plus une menace, la reconquête du Pays de Galles était en cours (achevée en 1409) et un gouvernement réformé commençait à mettre de l’ordre dans les finances royales.
Mais la souche a ruiné sa santé. Au printemps de 1406, Henri eut ce qui était probablement le premier d’une série d’accidents vasculaires cérébraux, qui, en 1410, le laissèrent incapable et incapable de jouer beaucoup plus qu’un rôle symbolique dans les affaires publiques. Alors que les dernières années du règne voient le retour de la paix intérieure et d’une plus grande sécurité, elles voient également l’émergence de factions à la cour, l’une dirigée par le prince de Galles, le futur Henri V, l’autre dirigée par le frère cadet du prince (et favori du père) Thomas de Lancastre (Clarence). Pourtant, à aucun moment le trône d’Henri n’a été menacé, et à sa mort en 1413, la succession de son fils charismatique n’a pas été contestée.
Au 19e siècle. Henry a été crédité d’une expérience de gouvernement par une monarchie limitée. Son usurpation était justifiée par la tyrannie de Richard II ; il avait été l’un des appelants qui avaient cherché à imposer un gouvernement conciliaire à Richard ; et après 1399, il avait lui-même accepté volontairement de gouverner par le biais d’un conseil responsable devant le Parlement. En réalité, il cherchait à conserver les prérogatives de la Couronne, mais était vulnérable et acceptait la nécessité de faire des concessions à une nation politique qui ne voulait pas supporter le coût illimité de son usurpation. De plus, il était de nature conciliante, un homme qui avait été à la tête d’un conseil de baronnie et qui connaissait la valeur de travailler avec plutôt que contre ses principaux sujets. Dans cette mesure, il représentait un type de royauté différent de l ‘ »absolutisme » de Richard II, quelque chose qui s’apparente au style participatif d’Édouard III. On peut en effet soutenir qu’il s’était opposé à Richard II par principe et par intérêt personnel.
Henry était un homme capable, accompli et admiré. Dans sa jeunesse, il était réputé pour sa chevalerie, le principal jouteur de sa génération et un croisé. Sa piété était profonde et sincère; il fit un pèlerinage à Jérusalem en 1393. Il était bien préparé pour la royauté. Mais c’était un usurpateur. Une tradition a grandi selon laquelle il aurait ensuite été rongé par la culpabilité, pour l’exécution de l’archevêque Scrope d’York en 1405 ainsi que pour son usurpation. On a tôt fait de spéculer que cette culpabilité accélérait l’effondrement de sa santé. De plus, bien qu’il ait établi sa dynastie sur le trône, il a créé un précédent qui a ensuite été utilisé contre son petit-fils Henri VI. Après 1399, la couronne d’Angleterre n’était plus sacro-sainte.
Anthony James Pollard
Bibliographie
Kirby, J.L., Henri IV d’Angleterre (1970);
McFarlane, K. B., Rois lancastriens et Chevaliers Lollards (Oxford, 1972);
Wylie, J. H., Histoire de l’Angleterre sous Henri Iv (4 vol., 1884–98).