Au Sénégal, deux stocks de crevettes blanches (Penaeus notialis) sont intensivement exploités, l’un au nord et l’autre au sud. Nous avons utilisé des modèles de production excédentaire, y compris les effets environnementaux, pour analyser leurs changements d’abondance au cours des 10 dernières années et pour estimer leur Rendement maximal durable (RMD) et l’effort de pêche connexe (EMSY). Tout d’abord, les indices d’abondance annuels ont été estimés à partir de statistiques commerciales utilisant des techniques de GLM. Ensuite, deux indices environnementaux ont été testés alternativement dans le modèle : l’intensité de remontée des eaux côtières à partir de la vitesse du vent fournie par la base de données SeaWifs et la production primaire dérivée des images infrarouges satellitaires de la chlorophylle a. Les modèles ont été adaptés, avec ou sans effet environnemental, à la série chronologique 1996-2005. Ils expriment l’abondance des stocks et les captures en tant que fonctions de l’effort de pêche et de l’indice environnemental (lorsqu’il est considéré).
Pour le stock du Nord, l’effort de pêche et l’abondance fluctuent au cours de la période sans tendances claires. Le modèle basé sur l’indice de remontée des eaux explique 64,9 % de la variabilité d’une année à l’autre. Il montre que le stock a été légèrement surexploité en 2002-2003 et est maintenant proche de la pleine exploitation. L’abondance des stocks dépend fortement des conditions environnementales; par conséquent, l’estimation du RMD varie de 300 à 900 tonnes en fonction de l’intensité de remontée des eaux. Pour le stock du Sud, l’effort de pêche a fortement augmenté au cours des 10 dernières années, tandis que l’abondance a été réduite de 4 fois. L’environnement a un effet significatif sur l’abondance, mais n’explique qu’une petite partie de la variabilité d’une année à l’autre. Le meilleur ajustement est obtenu en utilisant l’indice de production primaire (R2 = 0,75), et le stock est maintenant considérablement surexploité quelles que soient les conditions environnementales. Le RMD varie de 1200 à 1800 tonnes selon les conditions environnementales. Enfin, dans le nord du Sénégal, la remontée des eaux est très variable d’une année à l’autre et constitue le facteur majeur déterminant la productivité. Dans le sud, les processus hydrodynamiques semblent dominer et déterminer la production primaire ainsi que la productivité du stock de crevettes blanches.