Michel-Ange, Travaillant pour Dieu

Michel-Ange est l’un des artistes les plus importants de la Renaissance italienne. Son œuvre la plus accomplie est exposée dans la Cité du Vatican à Rome, célèbre dans la basilique Saint-Pierre et la Chapelle Sixtine…

Remy Dean

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12 Avr. 2020 * 7 min de lecture

La Pietà (1499) de Michel-Ange (di Lodovico Buonarroti Simoni)

Cette statue en marbre est considérée par beaucoup comme l’expression la plus claire du génie de Michel-Ange. C’est une fusion du style classique avec un naturalisme beaucoup plus fluide. Le niveau de fabrication est exceptionnel tout comme l’atmosphère de paix et de sérénité qu’il évoque. Marie, loin d’être désemparée par le chagrin, est plutôt montrée acceptant le sacrifice qu’elle et son fils mort ont fait, consolée par leur confiance totale dans la Résurrection.

Michel-Ange a expliqué que le visage juvénile de la Vierge était basé sur les souvenirs de sa propre mère, décédée à l’âge de cinq ans. Ceci, et l’intention de la montrer comme éternelle et incorruptible, a conduit la Marie de la Pietà à apparaître beaucoup plus jeune et sereine que la plupart des autres traitements de ce sujet.

Pietà, sérénité en pierre

Le métier technique est étonnant, surtout si l’on considère les outils et les techniques de l’époque — seuls le marteau et le burin, les outils à main et les différentes qualités de grain utilisées pour lisser et polir. Pourtant, les plis sculptés parlent de douceur du tissu et la chair de pierre semble céder à la pression du toucher.

La sculpture est naturaliste, mais pas réaliste. Les deux figures sont anatomiquement correctes, mais le dosage a été adapté pour des raisons d’équilibre et de symbolisme. Marie est beaucoup trop grande par rapport à la figure de Jésus. Cette distorsion délibérée lui permet de tenir le corps avec une apparente facilité. Il crée également la structure pyramidale de la composition, créant une dynamique ascendante pour indiquer le voyage symbolique de la terre au ciel dans la prochaine Ascension.

Dans l’art ancien, la taille d’une figure désignait souvent leur importance et cette approche persistait dans certains exemples médiévaux. Ici, cependant, l’artiste manipule son langage visuel à des fins différentes. Le jeu subtil à l’échelle aide à susciter la réponse émotionnelle qu’il entend et introduit également un récit.

Michel-Ange rejoue le Christ enfant et fait ainsi le tour de l’histoire, rendant l’œuvre plus sur la renaissance que sur la mort, tout en soulignant le lien entre la mère et l’enfant. Le spectateur se souvient des nombreuses autres représentations de Mère Marie tenant l’Enfant Jésus au début de sa vie qui mèneront à ce moment, 33 ans plus tard. C’est un moment entre la Crucifixion et la Résurrection où Marie n’a plus qu’à la consoler, c’est la foi — un motif central du christianisme et central de la fête religieuse de Pâques.

Michel-Ange avait 24 ans lorsqu’il a reçu cette commande. Ce serait le monument funéraire du cardinal Jean de Bilhères, mais a ensuite été déplacé dans sa propre chapelle dédiée dans la basilique Saint-Pierre, Cité du Vatican. C’est la seule statue qu’il a signée. On dit qu’il avait honte de cet acte, affirmant qu’il était devenu trop émotif lorsqu’il a entendu quelqu’un attribuer à tort la statue à un artiste rival. Plus tard, il se sentit coupable d’orgueil. Il n’a plus jamais signé aucune de ses œuvres. Elle a longtemps été applaudie comme la plus grande œuvre de la sculpture de la Renaissance et reste à ce jour une référence par rapport à laquelle toute statuaire figurative est jugée — si on ne pouvait pas lui permettre de se sentir fier de cette réalisation… alors que ce soit une leçon pour nous tous!

Les Peintures de la Chapelle Sixtine (1508-1541) de Michel-Ange

Cela aurait été la commande la plus prestigieuse pour un artiste de l’époque, à employer par le Pape (Jules Ii) pour décorer une chapelle majeure du Palais du Vatican. Michel-Ange l’a d’abord refusé! Il voulait se concentrer sur des commandes sculpturales, dont une pour le tombeau du Pape.

Le pape, cependant, n’acceptera aucun refus et, après des négociations continues, finira par convaincre Michel-Ange de prendre la commission. Il semble que le facteur gagnant était que le pape a accepté de laisser à Michel-Ange la liberté artistique de décider ce qu’il allait peindre au plafond et comment il allait le représenter. Le Pape a insisté pour que les images soient riches de sens, mais a laissé le contenu à la discrétion de l’artiste, soumis à un examen et à une approbation continus, bien sûr.

Une autre clause du contrat était que Michel-Ange soit autorisé à travailler exclusivement sur le projet. L’écrivain Vasari nous dit que Michel-Ange a travaillé seul sur les peintures, ne permettant même pas aux assistants de broyer et de mélanger ses pigments. C’était très inhabituel car la plupart des maîtres de la Renaissance auraient dessiné des « dessins animés » en taille réelle pour une telle entreprise, puis une équipe d’assistants et d’étudiants aurait tracé les dessins et rempli la plupart des couleurs. Le Maître n’interviendrait alors que pour travailler sur les détails « importants » comme les mains et les visages.

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