L’anaphylaxie récurrente causée par la povidone‐iode topique (Bétadine)

La povidone‐iode (Bétadine) est une cause rare d’allergie médiée par lesgE. Nous rapportons un cas d’anaphylaxie récurrente chez une fille de 12 ans suite à l’utilisation d’écouvillons à la bétadine.

Le patient présentait initialement à l’âge de 9 ans une urticaire généralisée, un œdème de quincke facial et un essoufflement, suite à une égratignure d’un lapin. Elle a eu une respiration sifflante et a été traitée avec de l’adrénaline intramusculaire. Dans son histoire, elle avait de légers symptômes de coroyzal après avoir manipulé le lapin, et avec un test de piqûre de peau (SPT) positif au lapin (7 × 7 mm), on lui a diagnostiqué une anaphylaxie à l’éraflure du lapin. Le lapin a été retiré de la maison.

Elle a par la suite eu un deuxième épisode d’anaphylaxie à l’âge de 12 ans à la suite d’une coupure à la peau. La suspicion est tombée sur l’antiseptique Bétadine (povidone-iode), qui a été utilisé pour nettoyer la plaie et que sa mère s’est souvenue avoir également utilisé pour la première fois. La SPT était positive (9 × 9 mm) et on lui a diagnostiqué une anaphylaxie récurrente à la povidone‐iode. On lui a fourni un bracelet d’alerte médicale, un auto‐injecteur d’adrénaline et on lui a conseillé, dans la mesure du possible, d’éviter l’exposition à des médicaments et à d’autres produits contenant de la povidone et de la povidone-iode.

La povidone-iode est une solution d’iodophore stable contenant un complexe hydrosoluble d’iode et de polyvinylpyrrolidone. Moins de 10 réactions allergiques documentées médiées par lesgE ont été rapportées après une exposition à la povidone‐iode, survenant après une application topique, vaginale ou rectale.1-4 Le déterminant allergène en cas d’hypersensibilité immédiate serait la povidone, sur la base de la présence d’anticorpsgE dirigés contre la povidone dans le sérum des patients allergiques,1 et de la survenue d’une anaphylaxie à la povidone sans iode,5 y compris chez un enfant qui avait précédemment réagi à la bétadine.6

La povidone est un mélange de polymères synthétiques, 7 largement répandu, utilisé comme additif dans les produits alimentaires, comme dispersant dans les fixations capillaires, comme agent de suspension et d’enrobage dans les comprimés, comme composé filmogène pour les collyres et comme retardateur pour les injections sous-cutanées.8 Elle est présente dans 20% des comprimés sur le marché en Allemagne9 dans plus de 800 produits pharmaceutiques au japon10 et une brève recherche dans la base de données en ligne MIMS (http://proxy36.use.hcn.com.au/Search/QuickSearch.aspx?ModuleName=Product+Info) a permis d’identifier la povidone dans 650 produits australiens tels que des comprimés, des gouttes pour les yeux, des gargarismes et des crèmes pour la peau. Malheureusement, bien qu’il soit obligatoire de déclarer la povidone lorsqu’il s’agit d’un principe actif, sa déclaration en tant qu’excipient est moins simple. Par exemple, la liste des excipients dans les fiches d’information du produit n’est pas requise par l’Administration des produits thérapeutiques pour les médicaments en vente libre et les médicaments complémentaires.11 Par conséquent, si un patient est diagnostiqué comme allergique à la povidone‐iode, alors que l’évitement doit être préconisé, 7,10 cela peut être difficile, et compte tenu du risque d’exposition accidentelle à la povidone, l’apport d’un auto-injecteur d’adrénaline a été recommandé.10

Enfin, la croyance largement répandue de longue date selon laquelle un patient qui a eu une réaction à un composé contenant de l’iode (par exemple la bétadine ou les fruits de mer) est plus à risque de réagir à un autre, tel que le milieu radiocontraste, n’est pas étayée par des preuves et semble être un mythe.12

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