Joachim du Bellay (1522-1560)

Gordon 1569.D83

Oeuvres françaises de jehoiakim, le Du-Bellay, gentil homme Angeuin, & poëte excellente de ce même. Reueuës, & de nouueau augmentees de plusieurs poësies pas encore auparauant imprimees. / Au roy treschrestien Charles IX.

Paris : Federic Morel, 1569. (8vo)

Du Bellay est mort à l’âge de 37 ans, après avoir publié de nombreux recueils de poésie qui ont d’abord suivi puis contredit la doctrine exposée dans sa célèbre Défense et illustration de la langue française (1549). Au nom des poètes de la Pléïade (Du Bellay, Ronsard, Baïf et leurs compatriotes) la Défense définit le poète comme une figure visionnaire, à la fois savante et divinement inspirée, dont le devoir est de valoriser la gloire de la langue française par le vers, afin de rivaliser avec les réalisations des Anciens. Les œuvres rassemblées de Du Bellay, les Œuvres françaises de Ioachim Du-Bellay, gentil homme Angeuin, & poëte excellent de ce temps, ont été publiées à titre posthume en 1569. Du premier titre du recueil (la Défense de 1549, avec sa vision haute du rôle du poète) au rejet pastoral de ces grandes ambitions dans les Jeux Rustiques (1558), les œuvres rassemblées de Du Bellay marquent une transition importante dans la poésie française du milieu du XVIe siècle. Les œuvres de Du Bellay traduisent d’abord l’optimisme d’un mouvement humaniste croissant, puis la déception croissante face aux objectifs intellectuels humanistes et le pessimisme face à la tentative de se construire une gloire terrestre face aux ravages inévitables du temps.

En savoir plus sur Du Bellay et ses œuvres

Né dans une famille de la noblesse d’Anjou, Du Bellay est orphelin très jeune et son éducation précoce dans le pays est négligée. Jeune homme, il étudie le droit à Poitiers, où il rencontre Marc Antoine Muret et Jacques Peletier du Mans et commence à écrire des poèmes en latin et en français. Du Bellay rencontre ensuite Pierre de Ronsard et le rejoint en 1547 au Collège de Coqueret à Paris, où les jeunes poètes poursuivent des études de latin et de grec et lisent les grandes œuvres littéraires et philosophiques de l’Antiquité et de l’Italie sous la tutelle de l’humaniste Jean Dorat. Au Collège de Coqueret, Ronsard et Du Bellay forment un groupe appelé  » la Brigade. » Les sept membres du groupe, adoptant plus tard le nom de « Pléïade « , ont cherché à faire grandir la langue française et sa littérature au point de rivaliser avec la grandeur des langues classiques.

Défense et illustration de la langue françoyse (1549) de Du Bellay a servi de manifeste au groupe, affirmant la dignité de la langue française en accord avec le soutien croissant des humanistes de la Renaissance à la langue vernaculaire, et appelant les poètes à s’inspirer puis à dépasser les modèles littéraires de la Grèce, de Rome et d’Italie. Selon Du Bellay et ses compatriotes, le poète n’était pas seulement un artiste inspiré, mais aussi un artisan habile qui devait s’inspirer des modèles classiques et italiens, puis les transformer en quelque chose de nouveau et capable de rehausser la gloire de la langue française. La Pléïade défendait un idéal élevé de poésie pour l’amour de la poésie et du poète comme celui qui exprime des vérités universelles.

Le premier recueil de cinquante sonnets de Du Bellay, L’Olive (publié en 1549, puis dans une édition élargie de 115 sonnets en 1550), reflète les idéaux esquissés dans la Défense et établit Du Bellay comme un maître de la forme du sonnet, inspiré par les thèmes néoplatoniciens et les motifs de Pétrarque. Cette poésie amoureuse n’exprime pas tant des sentiments amoureux pour une femme bien-aimée qu’une passion pour la perfection formelle qui intègre des thèmes et des figures de Pétrarque – antithèses et oxymores, par exemple – et des métaphores empruntées à la mythologie classique. La notion néoplatonicienne de montée au monde des formes puis au domaine des Idées imprègne la collection, mais ici le voyage ascendant de l’âme devient l’ascension du poète vers la gloire, conformément à la doctrine proclamée par la Défense.

En 1553, Du Bellay réalise le rêve humaniste d’un voyage en Italie, se rendant à Rome comme secrétaire de son oncle, le cardinal Jean du Bellay, ambassadeur d’Henri II auprès du pape. Une fois en Italie, l’enthousiasme du poète s’estompa bientôt pour devenir désillusionné par les prétentions de l’entourage papal et une réflexion douloureuse sur la grandeur déchue de Rome et la vanité de toute gloire terrestre. Ces sentiments de grande déception et une nostalgie croissante pour sa patrie inspirent la poésie écrite par Du Bellay pendant son séjour en Italie et publiée après son retour en France en 1557. À son retour au pays, Du Bellay fut en proie à des problèmes de santé et de famille, et sa surdité due à une maladie antérieure s’aggrava. Il meurt en 1560, à l’âge de 37 ans.

L’Antiquitez de Rome (1558) traduit les sombres réflexions de Du Bellay sur la grandeur et la décadence de Rome, et sur le passage inexorable du temps. Inspirés en partie par des modèles classiques traitant de thèmes similaires, les sonnets de Du Bellay expriment néanmoins un sentiment de déception très personnel, ancré dans la nostalgie de la France. Les Regrets (1558) reflètent également les thèmes de la désillusion avec Rome et de l’absence de la patrie, ainsi que des messages à des amis, des sonnets inspirés de la vie quotidienne et des réflexions poétiques sur la maison jouney. Dans les Regrets, Du Bellay cherche l’inspiration dans l’expérience quotidienne et dans les émotions de celui qui souffre en exil de sa terre natale. Les Jeux Rustiques (1558) rejettent également les grandes ambitions esquissées dans le Deffense, remplaçant la quête du poète de la gloire éternelle par l’érudition et la perfection formelle par la recherche du bonheur individuel fondée sur la simplicité.

AUSSI DANS LA COLLECTION GORDON:

Gordon 1559.D83 Un Peu D’Henri Ii Le Roi De France Christianiss. / par Ioach. Bellaium. ; Le même en français que uersibus pressé à travers le même. ; Approché et l’élégie à un autre compte de t. Carte du prince Charles. Lotharingum Washington: Avec Federicum Morellum, dans le village de Bellouaco, à vrbanam Comportemental, 1559. Un « tas » en anglais et en français sur les pages en regard; la version française a le titre de la légende: Le Tumbeau du treschrestien Roy Henry II. Lettre du mesme autheur à un sien amy sur la mort du feu Roy…

Gordon 1560.I5 Dans Ioachimum Bellaium andinum poète érudits les plus brillants des chansons des hommes et une tombe. (4à) à Paris : Au Federicum Morellum…, 1560.

POUR EN SAVOIR PLUS

Éditions et traductions

Du Bellay, Joachim. La Deffence, et l’illustration de la langue françoyse (1549) & L’Olive. Ed. Jean-Charles Monferran (La Deffence) et Ernesta Caldarini (L Olive). Textes Littéraires Français 943. Genève: Droz, 2007.

—. Oeuvres complètes. Sous la direction d’Olivier Millet, par Richard Cooper… . 2 volumes. Paris: Champion, 2003.

—. La deffense, et illustration de la langue françoyse (1549). Facsimile and critical edition by Jean-Charles Monferran. Geneva: Droz, 2001.

—. Oeuvres poétiques. Critical edition by Daniel Aris & Françoise Joukovsky. Volumes 1 & 2. Paris: Bordas, 1993.

—. Oeuvres poétiques. Critical edition by Henri Chamard. Updated edition with appendix, bibliography, glossary and index by Yvonne Bellenger. Paris: Nizet, 1982.

—. Les regrets : Une édition bilingue. Traductions du français et du latin par David R. Slavitt. Evanston, IL: Northwestern UP, 2004.

Shapiro, Norman R. (traducteur et préface) et Hope Glidden (introd.). Paroles de la Renaissance française : Marot, Du Bellay, Ronsard. New Haven, CT: Yale UP, 2002. (Texte en français avec traduction parallèle en anglais)

Œuvres sélectionnées de Critique et d’interprétation :

• Du Bellay : Actes du Colloque International d’Angers du 26 au 29 mai 1989. Cesbron, Georges (ed.). Angers : P de l’Univ. d’Angers, 1990. 730 pages. (une grande collection d’articles de chercheurs qui ont présenté leurs travaux à la conférence d’Angers)

• Bellenger, Yvonne, ed. (avec Jean Balsano et coll.). Du Bellay et ses sonnets romains : études sur les Regrets et les Antiquités de Rome. Paris : H. Champion, 1994

• Bizer, Marc. Les lettres romaines de Du Bellay : les Regrets et la tradition épistolaire. Presses de l’université de Montréal, 2001.

• Coleman, Dorothy Gabe. La muse chaste : Étude de la poésie de Joachim Du Bellay. Leiden : Brill, 1980.

• DellaNeva, JoAnn.  » Illustrant la Déffence: Imitation and Poetic Perfection in Du Bellay’s Olive. » The French Review, Vol. 61, No. 1 (Oct., 1987), 39-49.

• Gadoffre, Gilbert. Du Bellay et le sacré. Paris: Gallimard, 1995.

• Gray, Floyd. La poétique de Du Bellay. Paris: Nizet, 1978.

• Tucker, George Hugo. Les regrets et autres oeuvres poétiques de Joachim du Bellay. Paris: Gallimard, 2000.

INTERNET RESOURCES

http://www.sfdes.fr/?page_id=10 – Bibliographie d’agrégation. Bibliographie des éditions et ouvrages secondaires pour Du Bellay, préparée par le Professeur Michel Magnien pour le Programme d’agrégation 2007-2008. »La bibliographie complète peut être téléchargée sous forme de document Word sur le site Web de la SFDES.

http://www.alalettre.com/dubellay-intro.htm – Introduction et biographie en français

http://www.poesie.webnet.fr/auteurs/dubellay.html – Texte de nombreux poèmes de Du Bellay, avec enregistrements de plusieurs sonnets.

http://www.museedubellay.com/site/6.0-lecrivain.html – Site Web du Musée Joachim du Bellay (Liré, France), avec des informations générales en français sur le poète et sa vie.

http://www.anthologie.free.fr/anthologie/bellay/bellay.htm –  » Poésie sur la Toile » – Brève biographie du poète, avec des liens vers les textes de poèmes sélectionnés.

http://abu.cnam.fr/BIB/auteurs/dubellayj.html – Transcription en texte intégral de l’Antiquitez de Rome (1558) sur ABU (« la bibliothèque universelle »)

http://gallica.bnf.fr/ – Le site Gallica comprend de nombreuses éditions des œuvres de Du Bellay, la plupart en format image et deux en format texte (transcriptions consultables). Les fichiers texte proviennent des Œuvres poétiques, vols. 1 & 2, sous la direction de Daniel Aris et Françoise Joukovsky (Paris : Bordas,  » Classiques Garnier « , 1993).

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